mercredi 5 février 2014

Sonie ou la belle vie.

Un joli dimanche de fin d’octobre, comme seule la nature sait nous en réserver.
Après une promenade en amoureux, mon conjoint et moi goutons un peu de repos, affalés sur les canapés, chacun le sien, devant la télé !

La sonnerie du portail retentit.
Daniel, mon neveu, rentre la voiture, sa femme et un ami à son bord, suivis par trois merveilleuses petites boules, noir et feu.
Une petite antenne de la SPA sortant du coffre !

Après les embrassades Daniel, Martine et Pascal de nous raconter comment épuisé par les nuits d’insomnie à donner le bib aux chiots, Pascal, a décidé de donner ces trois petites boulettes qui restaient, contre bons soins évidemment !

Debout sur la terrasse, nous devisions sur la nécessité de bien encadrer les naissances, du respect de la génétique et patati et patata, je ne vais pas vous ennuyer avec des questions d’éthique, les chiots, découvrant de nouveaux espaces s’enhardissaient de plus en plus loin dans le jardin et, mine de rien, l’une d’entre elles (souvenez-vous, les petites boules de poils ^_^) se détachait des autres, venant aux pieds de Jean-Paul, en quête de câlins, avec un bel aplomb, une belle stature, des patounes larges, fièrement campée sur ses membres.
Après avoir affirmé pendant des années que je ne voulais pas d’animaux (j’avais déjà craqué pour « Moumoune » une minette adoptée bébé alors que nous vivions encore en région parisienne, destinée à combler la solitude de maman et qui finalement est restée dans notre foyer), je sentais que j’étais en train de me faire piéger !
Pire, que cela semblait me plaire !!
Mon désir de maternité allait enfin être comblé une nouvelle fois et tant pis si le poupon avait une pilosité déjà bien avancée et des canines acérées !

 Le regard en coin que me jeta Jean-Paul confirma, que sans passer par la phase accouchement, la famille allait s’agrandir dès ce soir !


Manquant à tous mes devoirs de maîtresse de maison je me surpris aussi à souhaiter qu’ils s’en aillent, vite, laissant le choix à Chéri de savoir si cela allait être une fille ou un garçon !
Derrière la vitre de la porte-fenêtre, couinant de voir partir ses congénères, ce dimanche-là, Sonie naquit.
Un rottweiler !
Vous rendez vous compte ?
Ces gros chiens que certains décriront sanguinaires, méchants, dévoreurs d’enfants.
Oui, les clichés ont la vie dure !

Apprenons à regarder de l’autre  côté de la laisse, les chiens sont comme on les éduque !
Sonie n’aura de cesse d’être source de satisfactions pour ses maîtres, bonne élève elle est attentive aux ordres, aux apprentissages…et surtout aux récompenses qui clôturaient les séances éducatives maison.
Nul besoin de lui enseigner la garde, la défense ; pour cette race, ce sont des qualités innées !

Équilibrée, douce et obéissante, Sonie a mis de la joie dans la maison, nous faisant rire aux éclats quand étonnée par ses pets bruyants elle tournait la tête en direction de son postérieur, origine sonore de l’objet de sa surprise, les mimiques sur sa gueule rajoutant au comique de la situation, style «  hein, quoi, qu’est ce qui se passe » ou bien encore nous invitant, à bonne distance dans le jardin dans une attitude joueuse  genre allez attrape-moi (si tu peux), alors que nous lui courrions après pour lui coller une raclée d’avoir détaché le linge de l’étendage, sans l’abimer je précise, et en avoir fait ses doudous pendant notre absence !



Elle devint un membre à part entière de la famille, absorbant nos joies, nos peines, la « délicatesse »  des enfants de notre entourage, nous gratifiant de son amour inconditionnel durant ces années.
Sans le savoir elle a régit nos vies, nos vacances aussi, comme ce voyage au Portugal, le 1er que nous avons fait avec elle, elle avait 5 ans… épique !
Culpabilisés par le véto, «  il faut l’emmener, son attachement à ses maitres (nous) est si grand qu’elle ne vous attendra pas »
Le soir, encore sous le choc de la nouvelle…quoi la fifille elle veut se laisser mourir ?, nous établissons le plan du voyage.
Fini le confort de l’avion, 1h30 de voyage et hop, nous étalons les serviettes sur la plage !
Le trajet se fera en fourgon Renault Master rallongé,  jaune (discret donc), l’outil de travail de Chéri,   afin que fifille puisse voyager à l’arrière, tranquille, allongée près du futon que nous avions chargé plus tôt dans la matinée pour nous reposer si les hôtels nous refusaient le confort d’une nuit sur un vrai sommier.

Quelle merveilleuse idée.
Les 10 premiers kilomètres de bitume avalés, la surprise passée, fifille a commencé à se manifester.
D’abord doucement, puis de plus en plus fort.

Fifille s’est mise à pleurer, bouleversant nos cœurs et nos supers plans de voyageurs.
Durant les mille huit cents kilomètres qui nous séparaient de notre destination, Sonie est restée à mes pieds, dans la cabine.
 Nous moquant de nous et riant jaune, un peu bête d’avoir pensé qu’elle pouvait être bien sans être à nos côtés !
Comme maintenant, qu’elle est vieille et malgré le fait qu’elle dispose d’une super niche confectionnée avec amour par « son papa »  et que nous acceptons sa présence (presque invisible si on est myope) quasi toute la  journée dans la maison, qu’elle sursaute à notre arrivée, et encore endormie se jette sur sa gamelle d’eau, genre «j’ai soif ne me mettez pas dehors !! »

Entre temps, la famille est devenue nombreuse, aujourd’hui, elle est composée de Sonie la chienne, une 1ere fratrie de chats Even et Enjoy, et une 2ème, Bonnie & Clyde !
Moumoune nous a quittés.
Sonie a bientôt 13 ans, au mois d’août.
Déjà environ 5 ans de bonus parait-il, au regard de sa race.

Aujourd’hui Sonie se remet très difficilement d'une lourde opération de tumeurs mammaires, je sais que nous devons nous attendre au pire et que nous devons rester sereins pour la laisser partir en paix quand elle le décidera.

Pour illustrer ce billet j’ai choisi deux citations :

« Le jour où l'on comprendra qu'une pensée sans langage existe chez les animaux, nous mourrons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés par nos rires. » Boris Cyrulnik

« On reconnaît la grandeur et la valeur d'une nation à la façon dont celle-ci traite ses animaux » Mahatma Gandhi

Johanna Gobetti - Février 2014