Seul, assis sur un banc posté au
beau milieu d'un quai de gare, mes yeux étaient rivés vers le ciel et
contemplaient les étoiles. Les fixant tour à tour, mon imagination les
reliaient les unes aux autres, en attendant une correspondance. Les minutes
avançant, les formes ainsi dessinées s'évaporaient au fil de la nuit et du
temps.
Devant moi, des flaques d'eau
reflétant un morceau de lune, des rails menant vers l'infini. L'attente fut
lente, en ce dimanche après minuit. Alors, mes pensées se mirent à vagabonder
sur le fil de souvenirs passés.
J'avais rencontré la première à
l'âge de douze ans. Cela avait duré l'espace de tout un été. L'espace d'une
plage de sable fin, de la mer étendue vers le lointain. L'espace de quelques
personnes en maillots de bain, du soleil comme témoin, d'elle et moi se tenant par
la main.
La seconde se présenta à moi à l'âge
de dix-sept ans. C'est elle qui fit le premier pas. J'ai accordé le second et
ainsi, nous avons pu marcher ensemble pendant plusieurs mois. Le temps de retirer
quelques tissus dissimulant notre peau, de se découvrir l'un et l'autre. De rythmer
chacun de nos pas en cadence, comme nos deux coeurs le faisaient en silence.
Puis la solitude vint m'accompagner
durant plusieurs années. Une solitude choisie, bon gré mal gré. Choisir de
sortir, avec quelques amis. De boire, de faire la fête les vendredis et samedis.
De vivre un quotidien ponctué par quelques furtives rencontres, sans stabilités
à marquer aux aiguilles d'une montre.
Le temps s'écoulait ainsi, seul rêvassant
sur ce banc de quai de gare. Un souvenir en chassait un autre. Je devais
rentrer chez moi, rien ni personne ne viendra.
C'est au moment ou je l'attendais le
moins, qu'elle s'est présentée à moi. Une furtive rencontre qui me proposa d'entamer
une correspondance, afin de voir si je pouvais lui correspondre. A force
d'échanges et de courriers, pendant un an on s'est livré l'un à l'autre, sans
rien d'autre que des mots sélectionnés et des sentiments à délivrer.
Au fil des pages et de timbres
expédiés, d'écrits ponctués de petits coeurs sur les i, nous avions fini par
nous accorder la correspondance de sentiments réciproques.
Le quai de la gare des correspondances pouvait maintenant accueillir d'autres rêveurs. Je pouvais laisser ma place sur ce banc. Puisqu'elle et moi nous nous correspondions, nous nous sommes alors rencontré.
Le quai de la gare des correspondances pouvait maintenant accueillir d'autres rêveurs. Je pouvais laisser ma place sur ce banc. Puisqu'elle et moi nous nous correspondions, nous nous sommes alors rencontré.
Cela va faire quinze ans maintenant
que chaque jour qui passe, un simple repas partagé à deux est une fête. Qu'à
deux, nous affrontons toutes les tempêtes. Que loin de l'autre plus de quelques
jours, on s'inquiète.
A ma moitie qui remplie ma vie.
Fréd Karol - septembre 2014.